L'actualité du génocide des Arméniens
Le 24 avril 1915, à Istanbul, en organisant la rafle de plusieurs centaines d’intellectuels, les Jeunes-Turcs donnaient le signal de la déportation en masse de la population arménienne vers les déserts de Syrie et de Mésopotamie. Ceux qui survivront aux massacres sur la route de la déportation, mourront au cours de l’hiver 1915-1916 dans les camps de concentration sommairement établis le long du chemin, tels que Deir-es-Zor en Syrie. Le premier génocide du XXème siècle, celui des Arméniens en 1915, n’a toujours pas été reconnu par le pays qui l’a commis, la Turquie. La République turque, héritière du gouvernement jeune-turc, au pouvoir pendant la Première Guerre mondiale, refuse l’idée que celui-ci ait eu l’intention d’exterminer les Arméniens et rejette le bilan, supérieur à un million de morts, généralement retenu. “Imaginons un Faurisson ministre, un Faurisson président, un Faurisson général, un Faurisson ambassadeur, un Faurisson président de la Commission d’histoire turque”, écrit l’historien Pierre Vidal-Naquet. Le négationnisme d’Etat est au cœur de ce colloque ” L’Actualité du génocide des Arméniens ” qui s’inscrit dans une démarche de prévention et de sanction des crimes contre l’humanité. La reconnaissance par la Turquie actuelle du crime perpétré en 1915 est toujours aussi nécessaire. Et en France même, de nombreuses voix se sont élevées pour que la loi Gayssot de juillet 1990, qui punit la contestation du génocide perpétré par les nazis contre les Juifs, soit modifiée pour étendre son champ d’application à tous les génocides, y compris celui dont ont été victimes les Arméniens. Dominique Dhombres “Le Monde”